Le mercredi 18 novembre à 20h55, Arte rediffusera Tomboy, le beau film de Céline Sciamma. La sociologue Natacha Chetcuti-Osorovitz souligne dans cet entretien ce qui, selon elle, fait l’originalité de ce film par rapport aux questions de genre.
Comment raconterais-tu l’histoire du film Tomboy ?
Ce n’est pas un film classique sur la sexualité, c’est un film qui questionne l’assignation aux normes de genre. Souvent, les films qui interpellent les questions de genre ou d’assignation sont faits du point de vue des hommes, des garçons, à partir d’une exagération de la transgression, avec par exemple le travestissement. Là, il s’agit d’une fille de 10 ans qui se confronte aux difficultés de ne pas être conforme aux normes de genre, qui se heurte à l’adéquation supposée femelle/femme/féminin. Quand on est une fille dans cette situation, la plupart du temps, on est beaucoup plus invisibilisée que les garçons. La transgression, pour un garçon, est plus immédiatement perçue, pensée et sanctionnée comme telle, par exemple dans la cour d’école ou par la famille, ce qui est moins le cas pour les filles. Tomboy montre le parcours d’une jeune fille qui n’est pas dans cette adéquation de genre. Son problème n’est pas de devenir un garçon, elle n’est pas dans cette thématique-là. La question qu’elle se pose et qui se pose à partir du film serait : Quand on n’est pas soi-même dans un système binaire, qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qu’on fait quand on n’est pas dans le registre du soit l’un soit l’autre ? Et ici ne se pose pas tout de suite la question de la sexualité. Le film montre comment le personnage de la petite fille se débrouille avec tout ça, comprenant très vite qu’il lui faut mener une double vie, avec tout un jeu sur le vêtement, les postures, en distinguant entre la famille et l’extérieur. Elle a une vie secrète dans laquelle elle défie ces normes et s’adapte.
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