Dans le cadre du séminaire « Genre et monde carcéral : Disciplinarisation de la peine et expériences des violences », MSH Paris-Saclay et IDHES/ ENS Paris-Saclay (Antenne Cachan) – nous vous invitons à la prochaine conférence de Isabelle Lacroix, Chercheuse post-doctorante au laboratoire Printemps CNRS/UVSQ/Paris-Saclay :
« Femmes actrices de la violence politique au Pays basque : un “ordre sexué” bouleversé? »
Comme ont pu le montrer Coline Cardi et Geneviève Pruvost dans leur ouvrage collectif majeur, Penser la violence des femmes (2012), la participation des femmes à la violence a été pendant de nombreuses années déniées et a revêtu récemment les oripeaux de la nouveauté. Pour autant, les travaux d’historiens témoignent de leur présence constante dans de nombreux évènements politiques des siècles passés. Notre communication porte sur la place des femmes dans l’organisation armée basque ETA et sur le regard qui a pu être posé sur ces femmes jugées « déviantes » à plus d’un titre par la société.
La participation directe des femmes à des attentats étonne et suscite peur et fascination (Antolin, 2002). On considère très souvent les femmes comme victimes des conflits politiques, mais rarement comme des actrices de la violence politique. Ainsi, la société considère-t-elle cet engagement des femmes dans la lutte armée comme une double transgression (Bugnon, 2015) voire une triple déviance (Felices-Luna, 2007) face à l’ordre social et l’ordre sexué (Sénac-Slawinski, 2007).
L’une des singularités de l’organisation armée basque ETA est que les femmes y tiennent une place plus importante que dans d’autres groupes armés nationalistes comme le FLNC ou l’IRA. Pour autant, les femmes engagées au sein d’ETA ont subi une invisibilisation sociale et épistémologique. A l’appui de sources secondaires sur ETA, scientifiques, médiatiques, militantes et policières et d’une enquête empirique sur le nationalisme basque (2002-2009) qui s’est déroulée avant le processus de paix au Pays basque, nous montrerons que la progression des femmes dans les commandos actifs et dans le leadership d’ETA transforme en partie le monopole masculin de la violence politique et la répartition sexuée des tâches. Toutefois, les inégalités de genre se reproduisent au sommet de l’organigramme ainsi que par le maintien d’un ethos du guerrier masculin. Les médias, la littérature et les institutions pénales participent de ces transformations et permanences des stéréotypes sexués.
Le lundi 11 Février 2019 de 14h à 16h30
ENS- Paris Saclay / IDHES Salle Pollack – ENS Paris-Saclay,
Bat Laplace, 2ème étage, à l’interphone du RDC sonnez à IDHES
61 Avenue du Président Wilson,
94230 CachanEntrée libre.
En RER B, station Bagneux, il vous faudra environ 20 mn du centre de Paris et du Quartier Latin pour arriver à l’ENS Paris-Saclay, 30 à 45 minutes depuis l’aéroport d’Orly et 1 heure depuis l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.
Plan d’accès : http://www.ens-cachan.fr/plan-dacces